Tous
les projets
sont des succès !
Observez comment
on se précipite pour "terminer" les grands
projets de système d'information :
l'équipe de projet
reçoit des félicitations
la
presse spécialisée publie des articles sur une réalisation vitrine des
NTI
l'entreprise obtient
une certification ou une distinction de prestige
l'utilisateur met
en oeuvre le nouveau système a minima, sans changer ses
chères
habitudes
les
sociétés
d'informatique se nourrissent de
l'abonnement à la maintenance pendant des années
Et voilà.
C'est que souvent,
l'arrêt "prématuré" d'un projet qui traîne en longueur arrange
tout
le monde.
Et le label NTI
habille joliment le scandale en succès officiel.
En
réalité, le
constat d'expérience des projets informatiques à forte dose de NTI
est bien connu
les
environnements de production des NTI sont évolutifs, immatures pour
certains
l'accumulation des
NTI crée une instabilité congénitale des réalisations
[aux bogues
qui "seront corrigées dans la version suivante"
s'ajoutent des
régressions sournoises dues à des incompatibilités entre
les
logiciels NTI et entre leurs versions successives]
la
communication
entre les utilisateurs et les
hypertechniciens des NTI tourne systématiquement à la cacophonie
tout le
monde
s'habitue à la non - qualité car certains problèmes
techniques s'avèrent insolubles
finalement, les rares
utilisateurs persévérants s'épuisent dans la
lourdeur des dialogues en mode web et s'exaspèrent face aux
lenteurs aléatoires des temps de réponse
Oui,
les NTI c'est tout bon !
Le
discours médiatisé sur les NTI est tellement séduisant :
- les NTI
sont des technologies issues de l'Internet
- universelles, standardisées, flexibles,
- elles sont l'avenir de l'informatique
- même pour rajeunir les vieux systèmes
On
pourrait en
inférer que les NTI sont disponibles, quasi-gratuites,
libératrices....
Un cadeau empoisonné
Les NTI apparaîssent
comme un cadeau à nos
sociétés de service en
informatique
la fréquence d'apparition des "nouveautés"
renforce le besoin de spécialistes
de
nombreux outils intégrés de développement à base de NTI sont
diffusés à vils prix
les jeunes informaticiens sortent des écoles tout imbibés de NTI
les NTI
offrent la perspective de maintenances juteuses
Mais
ce cadeau est empoisonné, car il entraîne une obligation de moyen
(les
NTI) aux dépens de l'obligation de résultats.
Et surtout, il
crée la
dépendance
vis à vis d'un "moyen" (les NTI) de fait non maîtrisable.
Voici ce
qui
pourrait se passer à grande échelle après une période d'échecs
dissimulés de nombreux projets NTI :
- nos entreprises et
organisations vont faire remigrer tous leurs outils
informatiques "fondamentaux" vers des logiciels soutenus par
les
monopoles multinationaux (qui font un usage propriétaire des
NTI)
- la maintenance de ces
logiciels sera confiée à des entreprises issues de pays
émergents (Inde,
Chine, Brésil,...) peuplées
d'ingénieurs mutilingues durement formés aux réalités
- les quelques
fonctions vitales et non banales de nos systèmes d'information seront
réalisées en projets
minimalistes par
des utilisateurs
- informaticiens polyvalents
- nos
supertechniciens en NTI seront incités à essaimer dans le monde ou
resteront en
Europe
au
chômage
Ce type de
scénario s'est déjà produit dans plusieurs secteurs industriels. Les entreprises ont disparu
en
pleine santé.
Pourquoi : parce que ces entreprises se sont
banalisées dans une course à la productivité (les moutons de Panurge)
au lieu de renforcer leurs propres raisons d'exister.